dimanche 9 décembre 2012

Le végétalisme - partie 2 - les enfants

Pour lire la partie 1, c'est ici.

Je reprends sur le sujet pour faire une mise au point importante concernant l'alimentation et les enfants. Mise au point de la part d'un maman. Spécialement parce que nous avons annoncé le documentaire «La face cachée de la viande», une réalisation des Productions J, et qu'il sera diffusé ce soir, sur TVA.

Quand notre tout petit a eu 2 ans, Stéphane et moi avons choisi d'assister à un cours de cuisine végétarienne. Ma mère ou une jeune voisine venait prendre soin de lui ces soirs-là. Nous sentions le besoin d'être mieux outillés pour nous faire des repas sans viande. Et peut-être de rencontrer d'autres personnes qui avaient le même désir.

Donc, le végétalisme et les enfants!

Je ne parlerai pas nutrition, je laisse ça à notre fils qui l'étudie et à Anne-Marie, nutritionniste-diététiste diplômée. Si vous osez la vie et lisez l'anglais, vous pouvez aussi lire un peu par ici.

J'ai raconté sur ce blog que nos enfants avaient choisi le végétalisme à un moment de leur vie. C'est leur choix, ça les regarde, eux. Leur cheminement leur appartient et ne saurait être comparé à celui des autres. Par respect pour chaque enfant. Chaque être humain est unique, a ses enthousiasmes propres, son parcours personnel.

Je vais aborder, ici, ce sujet délicat des questions que d'autres enfants ont posé si souvent à nos fils. De même que ce contrôle alimentaire souvent imposé aux enfants. D'abord je témoigne. Ce contrôle, je l'ai vécu, et je l'ai déjà imposé. 

D'où je viens, et au moment où je suis née, il est pratique courante de manger des animaux. Pour plusieurs facteurs dont le principal m'a semblé être le climat. Je n'ai pas aimé devoir manger de la viande, dépecer des poissons. Alors, lorsque, par 'éducation', j'ai exercé un contrôle sur l'alimentation parfois, ce n'était jamais à propos de viande. Je suis heureuse que ma mère nous ait donné le choix entre foie et mélasse, parfois, au souper. J'aime bien la mélasse. Maman cuisinait aussi des nouilles aux tomates ou au fromage, du riz, des légumes, beaucoup de légumes (que nous cultivions sur la terre de ma grand-mère), des soupes, des salades. Et des patates! 

Je me rappelle, à la maternelle, j'avais été nommée duchesse du Carnaval (allez donc savoir pourquoi, moi la timide et muette ...) et les grands (de 10 ou 11 ans) rencontraient chaque duchesse et intendant pour une petite interview. En plus de ma grande timidité, j'ai été bien embêtée quand on m'a demandé quel était mon repas préféré... j'ai cherché, hésité, cherché, et tout à coup, ce qui est sorti, a été: les patates! ;-) J'aime encore les patates, surtout les frites. Dans notre cuisine, j'ai toujours fait plus de tous ces plats sans viande. Ça convenait à notre famille. Mes parents ont agi selon leurs connaissances et leurs possibilités. Je suis heureuse d'être vivante, d'avoir cette vie que j'ai aujourd'hui, d'être maman. Et d'avoir accès à plus de choix aujourd'hui en ce qui concerne l'alimentation.

Les questions des autres enfants

Quand un enfant demande à un autre enfant pourquoi il ne mange pas de viande, c'est que lui en mange, n'est-ce-pas? Il ne viendrait pas à l'idée d'un enfant n'ayant jamais mangé de viande de poser cette question. Ensuite, s'il le demande, c'est que ça n'est pas passé inaperçu dans son esprit. Parce que quand quelqu'un fait des choses qu'on ne fait pas (ou à l'inverse, qu'il ne fait pas quelque chose qu'on fait), à moins que ça ne nous dérange, nous perturbe ou nous turlupine, ça passe effectivement inaperçu. Et si ça le dérange, le perturbe ou le turlupine, c'est qu'il y a matière à creuser. Selon lui. Les enfants creusent tout naturellement tous les sujets qu'ils rencontrent et qui ne correspondent pas exactement aux réponses qu'on leur a proposées ou qu'ils se sont faites de la vie et du monde autour d'eux. Ou ils se sont déjà questionnés et n'ont pas encore trouvé de réponse satisfaisante. Ou encore, et c'est très souvent le cas, ils ont questionné leur entourage (leurs parents, déjà...) et la réponse reste toujours insatisfaisante... ou vient d'être remise en question.

L'enfant est un scientifique-né. Il n'a besoin d'aucune leçon pour observer, émettre des hypothèses, se questionner, poser des questions aux gens en qui ils ont confiance, vérifier, tirer des conclusions et remettre en question ses propres conclusions s'il rencontre un fait nouveau et différent. Nos fils ont toujours fait ça et tous les enfants que je connais ou que j'ai rencontrés font ça. Pareil pour moi quand j'étais enfant. Après ce cheminement que j'ai entrepris, chemin de retour à moi, j'espère être redevenue l'enfant que j'étais. Et n'avoir pas trop vieillie. :-) Tous les jours de sa vie, l'enfant, l'humain, apprend.

La plupart des enfants que nos fils ont côtoyés ont remis sous la lumière de la science cette hypothèse selon laquelle il faudrait manger de la viande pour être en santé dès qu'ils ont rencontré une personne vivante et en santé qui n'en mange pas depuis assez longtemps. Donc, souvent devant nos yeux, dans notre cuisine. Ou celle d'amis ou de la parenté.
Buffet d'aniversaire de notre fils, 10 ans, végétalien comme ses invités.
photo: Brigit

Le contrôle alimentaire

Là où le bât blesse - et il blesse les deux enfants, qui se retrouvent parfois en opposition sans l'avoir jamais voulu dans cette recherche scientifique - c'est que les mœurs et croyances entrent en jeu. Celles des parents évidemment. Ce n'est pas aux enfants d'assumer les croyances de leurs parents. Cependant, c'est bien aux parents d'accompagner leur enfant dans ses apprentissages de la vie, du monde dans lequel il vit. Quand un enfant vit un tel conflit « scientifique » - je crois que les pédagogues disent « cognitif » - qu'il se sent remettre ses conclusions ou celles de ses parents sous la lumière de la science - donc de l'expérimentation qu'est la réalité - il est important de ne pas le laisser seul. Ou pire, de lui mentir. En affirmant qu'il faut manger de la viande pour être en santé. Ou que ceux qui ne le font pas sont en moins bonne santé. Ou encore que tout est question de religion ou de croyances sans mentionner qu'il est aussi question ici de leurs propres croyances de parents qui imposent la viande comme un aliment à leurs enfants. 

(À ce sujet, j'ai lu il y a longtemps, ce témoignage.) 

Ou encore que c'est question de choix.
Quoique, oui, c'est bien une question de choix... quand on a le choix.
Et les enfants, vos enfants, ont-ils le choix? 
Et s'ils ont le choix pour vrai, que faites-vous s'ils choisissent de manger des choses d'origine animale alors que vous n'en mangez pas? 
Ou s'ils choisissent de ne pas en manger et que vous le faites?

Le choix

Face à ce choix et à plusieurs autres, nos enfants étaient libres, et accompagnés dans leurs choix. Même si le végétarisme m'appelait depuis toujours, c'est notre fils aîné qui a fait le saut le premier. Et alors que j'avais adopté une alimentation végétarienne, puis végétalienne, notre plus jeune a continué de partager une pizza pepperoni/fromage avec son papa la fin de semaine ou quelques morceaux de poules mortes (croquette de poulet surgelées) chez ses grand-parents, ou qu'il nous demandait d'acheter au supermarché.

Se nourrir est un acte essentiel à la vie.  
Manger est un acte intime. 
Toute personne - l'enfant est une personne - a le droit de choisir les aliments qui entrent dans sa bouche et dans son corps. 
Tout comme la quantité d'aliments et la fréquence à laquelle elle se nourrit. 
C'est une question de respect!
Et l'enfant respecté dans ses choix fait de meilleurs choix.

Donc, aux enfants, bien sûr, on ne montre pas le film Terriens. Ni celui de ce soir, à la télé. On n'a pas à essayer de les inciter à manger végé ou à quoi que ce soit d'autre. Et puis, pourquoi leur montrer ou leur raconter les ignominies que font des adultes à des animaux sans défense? Ces horreurs, ce sont les adultes qui les font. À eux de les assumer. Ou de cesser. Ce n'est pas en remettant le poids des erreurs présentes ou passées des adultes à nos enfants qu'on va changer les choses. Les enfants ne naissent pas pour nous sauver, n'est-ce-pas?

En conclusion

J'aimerais partager un petit moment de vie. Un jour, au téléphone, une amie me confiait que son enfant était malade depuis quelques jours, mal au ventre assez important. Il avait faim maintenant et voulait du fromage. Elle n'était pas certaine que le fromage soit une bonne chose pour un enfant qui a eu mal au ventre et préférait lui offrir une soupe aux légumes. Bien que je sois persuadée que j'aurais préféré la soupe aux légumes dans les circonstances, et bien que j'aie choisi une alimentation végétalienne depuis longtemps (ce qu'elle savait), je lui ai dit que je sais que les enfants font les bons choix pour eux, instinctivement. Et que je pense qu'il vaut mieux se fier à eux et à leur instinct, qu'au nôtre qui souvent a été passablement abîmé par l'éducation. Il est possible que nos enfants aient aussi l'instinct un peu endommagé parfois mais je suis certaine, à les voir vivre, qu'il ne le sera jamais autant que le nôtre, ou que celui des générations précédentes. Si on s'assure de ne plus le briser, nous parents, par l'éducation.

Avec tout mon amour, pour nos enfants, mon mari Stéphane, et chacun, chacune d'entre vous. Oui, vous! ♥

Édith

4 commentaires:

Catherine a dit…

Merci Edith pour ce beau billet!!

L'équipe J'OSE la vie ! a dit…

Je suis à crusiner et cuisiner pour la fête de ce soir, alors j'en profite pour ajouter un lien vers une page du site web de Oli où je trouve de bonnes idées recettes:
https://sites.google.com/site/kancestmoi/agriculture/alimentation/recettes

Anne a dit…

Merci pour les idées recettes et pour l'éclaircissement de la démarche dans ce billet (suite à la partie 1) , je continue de lire avec interêt ;) un bonjour à toute la famille

Claudia a dit…

J'aime vraiment te lire =D merci Edith!

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