lundi 30 septembre 2013

Unschooling et grand-parents


Je partageais ceci avec une maman récemment et j'ai pensé le partager ici aussi. J'en ai fait une très légère révision, qui ne change en rien le sens. En fait, j'ai laissé les mêmes phrases et ajouté quelques précisions puisque c'était tiré d'une discussion.

J'OSE la vie - journaljose.blogspot.com
au chalet
« Parfois, pour le papa (pour un parent) le fait de savoir que les grand-parents font / feront partie de la 'tribu' d'adultes de référence pour ses enfants calme certaines peurs. » ~ Edith C.L.
Pendant quelques années, heureuses et plus faciles, nous avons eu mes parents tout près. Souvent disponibles pour bavarder avec nos enfants; leur faire un repas qu'ils aimaient quand je sortais avec l'un ou l'autre ou que j'allais faire des courses; nous accueillir au petit déjeuner le jeudi; parler de montagnes, d'arbres et de cartes topographiques avec notre aîné qui voulait en savoir plus à ce sujet (et tellement plus!).

Les grand-parents ont tant à offrir, quand ils en ont le désir sincère. J'ai beaucoup de gratitude pour ce que mes parents nous ont offert, et nous offrent encore aujourd'hui bien que ce soit autrement maintenant.

On se voit moins souvent, à cause de la distance, mais nos moments ensemble sont encore meilleurs, parce qu'avec le temps, ils ont découvert et observé le unschooling - la vie - en action, eux aussi. 

Édith

mercredi 25 septembre 2013

L'école est une prison


L'école est une prison
- et elle abîme nos enfants
De plus longues années scolaires ne sont pas la réponse. Le problème, c'est l'école elle-même. La méthode obligatoire « enseignement-et-test » ne fonctionne tout simplement pas.

Traduction : Édith Chabot, J'OSE la vie !
Révision : Stéphanie Meloche

Les parents envoient leurs enfants à l'école avec les meilleures intentions, croyant que c'est ce dont ils ont besoin pour devenir des adultes productifs et heureux. Plusieurs ont des doutes concernant les performances de l'école, mais la sagesse conventionnelle dit que ces problèmes peuvent être résolus avec plus d'argent, de meilleurs enseignants, des programmes comportant plus de défis et/ou des tests plus rigoureux.

Mais que faire si le vrai problème, c'est l'école elle-même ? La triste réalité est que l'une de nos institutions les plus chères met en échec, par sa nature même, nos enfants et notre société.
L'école est un lieu que les enfants sont obligés de fréquenter, et où leur liberté est fortement restreinte - encore plus restreinte que la plupart des adultes ne saurait le tolérer dans leur lieu de travail. Au cours des dernières décennies, nous avons obligé nos enfants à passer de plus en plus de temps dans ce genre de configuration, et il y a des preuves solides (résumées dans mon dernier livre) que cela cause des dommages psychologiques graves à beaucoup d'entre eux. En outre, plus les scientifiques ont compris la façon dont les enfants apprennent naturellement, plus nous nous sommes rendu compte que les enfants apprennent plus à fond et entièrement, et avec plus d'enthousiasme, dans des conditions qui sont presque opposées à celles de l'école.

La scolarité obligatoire a été une partie intégrante de notre culture depuis plusieurs générations. Il est difficile aujourd'hui, pour la plupart des gens, d'imaginer comment les enfants pourraient apprendre sans elle à réussir dans notre culture. Le président Obama et le secrétaire à l'éducation Arne Duncan sont tellement épris de scolarité qu'ils veulent même encore plus de jours d'école et d'années scolaires. La plupart des gens supposent que la conception de base des écoles, comme nous les connaissons aujourd'hui, ont émergé de preuves scientifiques sur la façon dont les enfants apprennent le mieux. Mais, en fait, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.

Les écoles comme nous les connaissons aujourd'hui sont le produit de l'histoire, pas de la recherche sur la façon dont les enfants apprennent. Le plan encore utilisé pour les écoles d'aujourd'hui a été développé au cours de la Réforme protestante, quand les écoles ont été créées pour enseigner aux enfants à lire la Bible, à croire l'Écriture sans la questionner, et à obéir à des figures d'autorité sans les remettre en cause. Les premiers fondateurs d'écoles ont été très clairs à ce sujet dans leurs écrits. L'idée que les écoles soient des foyers pour nourrir la pensée critique, la créativité, l'initiative personnelle ou la capacité à apprendre par soi-même - les types de compétences des plus importantes pour réussir dans l'économie d'aujourd'hui - était la chose la plus éloignée de leur esprit. Pour eux, la volonté était un péché, qu'on devait casser chez l'enfant et non encourager.

Lorsque les écoles ont été prises en charge par l'État et rendues obligatoires, dirigées vers des fins profanes, la structure et les méthodes d'enseignement de base sont restées inchangées. Les tentatives ultérieures de réforme ont échoué parce que, si certaines ont bricolé autour de la structure, elles n'ont pas modifié le modèle fondamental. La méthode « enseignement-et-test » et la relation hiérarchique, dans lequel l'apprentissage est motivé par un système de récompenses et de punitions - plutôt que par la curiosité ou par quelque réalité, ou par le désir de savoir - est bien conçu pour l'endoctrinement et l'entraînement à l'obéissance, mais pas pour grand-chose d'autre. Il n'est pas étonnant que plusieurs des plus grands entrepreneurs et innovateurs au monde aient abandonné précocement l'école (comme Thomas Edison), ou qu’ils aient dit qu'ils détestaient l'école et qu’ils ont appris malgré elle et non grâce à elle (comme Albert Einstein).
Il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui, même les « meilleurs élèves » (peut-être surtout eux) déclarent souvent qu'ils sont « brûlés » par le processus de scolarisation. Un récent diplômé supérieur, expliquant à un journaliste pourquoi il reportait l'université à plus tard, a affirmé ceci : « J'étais accablé à force de vouloir bien faire et je n'ai pas beaucoup dormi ces deux dernières années. J'avais cinq ou six heures de devoir chaque soir. Plus d'école était bien la dernière chose dont je voulais. »

La plupart des étudiants – qu'ils soient notés A ou C, ou qu'ils soient en échec - ont perdu le goût d'apprendre avant d'atteindre le milieu du cours primaire ou le secondaire (ndt : collège ou lycée, en France). Dans une étude récente, Mihaly Czikszentmihalyl et Jeremy Hunter ont équipé plus de 800 élèves de la sixième à la 12e année du primaire, de 33 écoles différentes à travers le pays (États-Unis), de montres-bracelets spéciales qui envoyaient un signal à des moments aléatoires de la journée. Chaque fois que le signal apparaissait, ils devaient mentionner où ils étaient, ce qu'ils faisaient, et combien heureux ou malheureux ils étaient à ce moment-là. Les niveaux les plus bas de bonheur, de loin, se sont produits quand ils étaient à l'école et les niveaux les plus élevés lorsqu'ils étaient en-dehors de l'école à jouer ou à parler à des amis. À l'école, souvent, ils s'ennuyaient, se sentaient anxieux ou les deux. D'autres chercheurs ont montré que, au fur et à mesure de leur progression dans le système scolaire, les étudiants développent des attitudes négatives envers les matières enseignées, surtout envers les mathématiques et les sciences.

Nous avons tendance à ignorer ces conclusions. Nous ne sommes pas surpris qu’apprendre à l’école soit désagréable. Nous pensons qu'il s'agit d'un médicament au goût mauvais, difficile à avaler, mais bon pour les enfants à long terme. Certaines personnes pensent même que le désagrément de l'école est bon pour les enfants, afin qu'ils apprennent à tolérer ce qui est désagréable, parce que la vie après l'école est désagréable. Peut-être que cette triste vision de la vie découle de la scolarité. Bien sûr, la vie a ses hauts et ses bas, à l'âge adulte et pendant l'enfance. Mais il y a bien des opportunités pour apprendre à tolérer les désagréments sans ajouter de la scolarité désagréable à la recette. La recherche a démontré que les personnes de tous âges apprennent mieux quand elles sont motivées de l'intérieur, qu'elles approfondissent des questions qui sont leurs propres questions réelles, et qu’elles poursuivent leurs propres buts, bien concrets. Dans ces conditions, l'apprentissage est généralement joyeux.

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J'ai passé une grande partie de ma carrière de chercheur à étudier comment les enfants apprennent. Les enfants viennent au monde magnifiquement conçu pour diriger leur propre apprendre. Ils sont dotés par la nature de puissants instincts, incluant la curiosité, l'espièglerie, la socialité, l'attention aux activités autour d'eux, le désir de grandir et le désir de faire ce que les enfants plus âgés et les adultes peuvent faire.

La preuve de tout ceci se trouve devant les yeux de quiconque a regardé un enfant grandir, de la naissance jusqu'à l'âge scolaire. Grâce à leurs propres efforts, les enfants apprennent à marcher, à courir, à sauter et à grimper. Ils apprennent, à partir de zéro, leur langue maternelle, et de là, ils apprennent à affirmer leur volonté, à argumenter, à s’amuser, à s’ennuyer, à se lier d'amitié, à charmer et à poser des questions. En posant des questions et en explorant, ils acquièrent une énorme quantité de connaissances sur le monde physique et social autour d'eux, et à travers le jeu, ils pratiquent des compétences qui favorisent leur développement physique, intellectuel, social et affectif. Ils font tout cela avant que quiconque, de quelque manière systématique que ce soit, tente de leur enseigner quoi que ce soit.

Cet étonnant mécanisme et cette capacité d'apprendre ne s'éteignent pas lorsque les enfants atteignent cinq ou six ans. Nous l'éteignons avec notre système coercitif de scolarité. La plus grande leçon, la plus durable, de notre système d'enseignement est que l'apprentissage est un travail, qui doit être évité autant que possible.

L'objectif de mes propres recherches a été mis sur l'apprentissage chez les enfants qui sont d'« âge scolaire », mais qui ne sont pas envoyés à l'école, ou pas à l'école telle qu'on l'entend d'habitude. J'ai examiné comment les enfants apprennent dans les cultures qui n'ont pas d'école, en particulier les cultures de chasseurs-cueilleurs, les types de cultures dans lesquelles notre espèce a évolué. J'ai aussi étudié l'apprentissage dans notre culture par les enfants qui ont la confiance de prendre en charge leur propre apprentissage et auxquels est offerte la possibilité et les moyens d’apprendre eux-mêmes. Dans ces contextes, la curiosité et la joie naturelles de l'apprentissage des enfants persistent tout au long de l'enfance et de l'adolescence, et à l'âge adulte.

Un autre chercheur qui a documenté la puissance de l'apprentissage autonome est Sugata Mitra1. Il a mis en place des ordinateurs d'extérieur dans des quartiers très pauvres en Inde, où la plupart des enfants ne vont pas à l'école et où plusieurs étaient illettrés. Partout où il a placé un tel ordinateur, des douzaines d'enfants se rassemblent autour et, sans l'aide des adultes, comprennent comment l'utiliser. Ceux qui ne savaient pas lire ont commencé à le faire à travers l'interaction avec l'ordinateur et avec d'autres enfants autour. Les ordinateurs ont donné aux enfants l'accès à la connaissance du vaste monde. Dans un village éloigné, les enfants qui ne connaissaient rien des micro-organismes ont appris des choses au sujet des bactéries et des virus par le biais de leurs interactions avec l'ordinateur et ont commencé à utiliser ces nouvelles connaissances de manière appropriée dans les conversations.

Les expériences de Mitra illustrent comment trois aspects fondamentaux de la nature humaine - la curiosité, l'espièglerie et la sociabilité - peuvent se combiner à merveille pour servir l'objectif d’apprendre. La curiosité a attiré les enfants à l'ordinateur et les a motivés à l'explorer ; l'enjouement les a motivés à pratiquer de nombreuses compétences en informatique ; et la sociabilité a permis à l'apprentissage de chaque enfant de se répandre comme une traînée de poudre à des douzaines d'autres enfants.

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Dans notre culture, de nos jours, il existe de nombreuses voies par lesquelles les enfants peuvent utiliser leurs pulsions et instincts naturels pour apprendre tout ce qu'ils doivent savoir pour une vie adulte réussie. Plus de deux millions d'enfants aux États-Unis fondent maintenant leur apprendre à la maison et dans la collectivité plutôt qu'à l'école, et une proportion toujours croissante de leurs familles ont abandonné les approches pédagogiques en faveur de l'apprentissage autodirigé. Ces parents ne donnent pas de leçons ou de tests, mais fournissent un milieu de vie qui facilite l'apprentissage, et ils aident à relier leurs enfants à des activités communautaires dans lesquelles ils apprennent également. Certaines de ces familles ont initié cette démarche il y a longtemps et ont des enfants adultes qui, aujourd'hui, réussissent des études supérieures ou une carrière.

Ma collègue Gina Riley et moi avons récemment interrogé 232 de ces familles. Selon les rapports de ces familles, les principaux avantages de cette approche se trouvent dans la curiosité, la créativité et le goût permanents de l'apprentissage chez les enfants. Et dans la liberté et l'harmonie que toute la famille vit une fois soulagée des pressions et des horaires de l'école et du fardeau de manipuler les enfants à faire des devoirs qui ne les intéressent pas. Un parent a dit : « Nos vies sont essentiellement sans stress ... Nous avons une relation très étroite construite sur l'amour, la confiance mutuelle et le respect mutuel. » Elle a continué à écrire : « En tant qu'enseignante, je vois que ma fille a d'étonnantes aptitudes à la pensée critique qui manque à plusieurs de mes élèves adultes au collège ... ma fille vit et apprend dans le monde réel et elle aime ça. Que pouvais-je demander de plus ? »

Riley et moi sommes en train de terminer une étude avec environ 80 adultes qui eux-mêmes ont été scolarisés à domicile, en autonomie, quand ils étaient « d'âge scolaire ». Les résultats complets ne sont pas encore connus, mais il est clair, d’ores et déjà, que ceux qui ont pris cette approche provenaient de milieux socio-économiques variés et qu’ils ont, dans l'ensemble, poursuivi avec beaucoup de succès à l'âge adulte.

Alors que l'approche autogérée de l'apprentissage à domicile a gagné en popularité, de plus en plus de centres et de réseaux ont surgi pour offrir des ressources, des liens sociaux et des opportunités éducatives supplémentaires pour les enfants et les familles qui suivent cette approche (plusieurs sont répertoriées sur un nouveau site de collecte, AlternativesToSchool.com). Avec celles-ci – de même qu'avec les bibliothèques et autres ressources communautaires qui ont toujours été disponibles et, bien sûr, l'Internet –, les possibilités d'apprendre sont sans limites.

Mais ce ne sont pas toutes les familles qui ont les moyens ou le désir de faciliter l'apprentissage autogérée des enfants à la maison. Pour plusieurs, la meilleure option est une école dite démocratique, où les enfants sont en charge de leur propre éducation dans un cadre qui permet d'optimiser leurs opportunités d'apprendre et où il y a beaucoup d'autres enfants avec qui se socialiser et apprendre. (Ces écoles ne doivent pas être confondues avec les écoles Montessori ou d'autres types d'écoles « progressistes » qui permettent plus de jeu et offrent plus de choix que ne le font les écoles classiques, mais qui maintiennent néanmoins un système d'autorité maître-élève hiérarchisé et un programme relativement uniforme que tous les élèves sont censés suivre.)

Depuis de nombreuses années, j'ai observé l'apprentissage dans un tel lieu, à l'école Sudbury Valley School, à Framingham, Massachusetts. Elle est appelée école, mais elle est aussi différente que vous pouvez l'imaginer de ce que nous appelons généralement une « école. » Les élèves, qui sont âgés de 4 à environ 18 ans, sont libres toute la journée de faire ce qu'ils veulent, tant qu'ils n'enfreignent pas l'une des règles de l'école. Les règles, qui sont créées démocratiquement en Assemblée d'École par les élèves et le personnel, n'ont rien à voir avec l'apprentissage ; elles concernent le maintien de la paix et de l'ordre et sont appliquées par un système judiciaire modelé sur celui de notre société au sens large. L'école compte actuellement environ 150 étudiants et 10 membres du personnel, et elle fonctionne avec un budget par élève qui est moitié moindre que celui des écoles publiques environnantes. On y accepte essentiellement tous les étudiants qui le demandent et dont les parents acceptent de les inscrire.

Aujourd'hui, environ deux douzaines d'écoles existent aux États-Unis qui sont explicitement calquées sur le modèle de Sudbury Valley ; il en existe d'autres qui ont la plupart de ses caractéristiques de base. Comparés à d'autres écoles privées, ces établissements demandent de faibles frais de scolarité, et certaines ont des échelles de frais variables en fonction des ressources. Les étudiants proviennent de milieux très variés et ont des personnalités tout aussi variées.

Pour ceux qui n'en ont pas été témoins de visu, il est difficile d'imaginer comment une telle école pourrait fonctionner. Pourtant, Sudbury Valley existe depuis 45 ans maintenant et a « fourni » des centaines de diplômés qui se portent très bien dans le monde actuel.

Il y a plusieurs années, mon collègue David Chanoff et moi avons mené une étude de suivi des diplômés de cette école. Nous avons constaté que ceux qui avaient suivi des études supérieures (environ 75 pour cent) n'avaient signalé aucune difficulté particulière à entrer dans les écoles de leur choix et à y réussir une fois admis. Certains, y compris quelques-uns qui n'avaient jamais suivi un cours formel, étaient allés avec succès dans les universités les plus prestigieuses. En tant que groupe, indépendamment de s’ils avaient suivi ou non des études supérieures, ils ont remarquablement réussi à trouver un emploi. Ils ont accédé à un large éventail de professions, parmi lesquelles : les affaires, les arts, la science, la médecine, les services et les métiers spécialisés. La plupart ont dit qu'un des principaux avantages de leur éducation [à l'école] Sudbury Valley était qu'ils avaient acquis un sens de la responsabilité personnelle et une capacité d'autocontrôle qui leur servait dans tous les aspects de leur vie. Plusieurs commentaient également l'importance des valeurs démocratiques qu'ils avaient acquises, par la pratique, à l'école. Plus récemment, deux plus vastes études sur les diplômés, menées par l'école elle-même, ont révélé des résultats similaires et ont été publiés sous forme de livres.

Les élèves de cet établissement apprennent à lire, calculer et utiliser l'ordinateur de la même façon ludique que les enfants dans les cultures de chasseurs-cueilleurs apprennent à chasser et à cueillir. Ils développent également des intérêts et des passions plus spécialisés qui peuvent conduire directement ou indirectement à des carrières. Par exemple, un machiniste et inventeur à succès a passé son enfance à s'amuser à construire des appareils et à en démonter pour voir comment ils fonctionnaient. Un autre diplômé, qui est devenu professeur de mathématiques, avait joué intensément et de manière créative avec les mathématiques. Et encore une autre qui fait de la haute couture avait joué à la confection de vêtements de poupée, puis de vêtements pour elle-même et ses amis.

Je suis convaincu que si Sudbury Valley fonctionne aussi bien en tant que lieu pour apprendre, c’est qu'elle fournit les conditions qui optimisent les capacités naturelles des enfants à apprendre. Ces conditions comprennent :
a) des possibilités illimitées de jouer et d'explorer (ce qui leur permet de découvrir et de poursuivre leurs intérêts);
b) l'accès à une variété d'adultes bienveillants et compétents qui sont leurs assistants et pas des juges;
c) un libre mélange d'âge chez les enfants et les adolescents (le jeu multi-âge est beaucoup plus propice à l'apprentissage que le jeu avec ceux qui sont tous au même niveau); et
d) la participation directe dans une communauté stable, morale et démocratique, dans laquelle ils acquièrent un sens de la responsabilité pour les autres, pas seulement pour eux-mêmes. Remarque : Aucune de ces conditions n'est présente dans les écoles classiques.

Je ne veux pas peindre l'éducation autogérée comme une panacée. La vie n'est pas toujours douce, quelles que soient les conditions. Mais mes recherches et les recherches des autres dans ces milieux m'ont convaincu, sans plus aucun doute, que les pulsions naturelles et les capacités des jeunes à apprendre sont entièrement suffisantes pour motiver l'ensemble de leurs apprentissages. Quand ils veulent ou ont besoin de l'aide des autres, ils la demandent. Nous n'avons pas à forcer les gens à apprendre, tout ce que nous devons faire, c'est leur reconnaître la liberté et la possibilité de le faire. Bien sûr, tout le monde ne va pas apprendre les mêmes choses, de la même façon ou en même temps. Mais c'est une bonne chose. Notre société se nourrit de la diversité. Notre culture a besoin de gens ayant différents types de compétence, d’intérêt et de personnalité. Par-dessus tout, nous avons besoin de personnes qui vivent la vie avec passion et qui sont responsables d'elles-mêmes tout au long de la vie. Ce sont les dénominateurs communs de celles et ceux qui ont pris en charge leur propre apprendre.

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PeterGray est professeur émérite de psychologie au Boston College. Son livre le plus récent est "Free to Learn: Why Unleashing the Instinct to Play Will Make Our Children Happier, More Self Reliant, and Better Prepared for Life"  (Libre d'apprendre : Pourquoi libérer l'instinct du Jeu rendra nos enfants plus heureux, plus autonomes, et mieux préparés pour la vie'), Basic Books, 2013. Il est également l'auteur d'un manuel d'introduction à la psychologie, Psychology, Worth Publishers, maintenant à sa sixième édition, d’un blog régulier pour le magazine Psychology Today qui s'appelle Freedom to Learn (Liberté d'apprendre), et de nombreux articles scientifiques traitant des moyens naturels d'apprentissage de l'enfant. Avec un certain nombre de ses collègues, il a récemment lancé un site web, AlternativesToSchool.com, conçu pour aider les familles à trouver ou à créer un contexte pour l'apprentissage autonome des enfants.

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Article traduit et publié avec l'aimable autorisation de Peter Gray.
Merci à Jean-Pierre Lepri, du CREA, pour la relecture finale.
Une version au format pdf a également été publiée dans les documents complémentaires du CREA, ici.
Édith
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Texte original en anglais :
"School is a prison", la vidéo:  
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