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Dr. Jack Newman |
Le porte-parole de l'événement cette année était le Dr Jack Newman, un pédiatre canadien qui soutient l'allaitement depuis 1984, autant comme médecin que comme papa.
C'était la première fois que j'y assistais. Je m'y suis inscrite en tant que bénévole. Il y a plus de dix ans déjà, notre plus jeune se sevrait naturellement.
Dès l'arrivée, on m'assignait la tâche de me balader aux côtés d'Adeline, pancartes à la main, d'abord pour annoncer l'événement aux passants - qui, à cette heure matinale, visitaient principalement le Salon Nouvelle Maman - mais aussi pour diriger les familles qui venaient s'inscrire au Défi. Parce qu'on y fait un décompte sérieux et on remet un certificat de participation à toutes les mamans participantes. Une initiative plutôt chouette, qui semble offrir une belle visibilité à l'allaitement. Après un peu plus d'une heure de randonnée en centre commercial, nous avons rejoint les mèrenfants et l'équipe au 3è étage pour y entendre les présentations par le comité d'organisation du Défi, suivi de celle de Manon Méthot, IBCLC.
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Valérie Lessard, Dr. Jack Newman, Manon Méthot - Défi Allaitement 2013 (photo: J'OSE la vie !) |
Ça faisait drôle de revoir Manon, maintenant à la Direction de la Santé Publique, cette maman qui, aux côtés de Marie-Josée, puis Joyce, offrait ces rencontres LLL où nous allions en famille. Monik St-Pierre, aussi de la DSP, a prononcé quelques mots encourageants. Demandant combien de papas et de grand-mamans y étaient, elle les a remerciés et félicités chaleureusement, confirmant que les études démontrent qu'ils sont les plus importants soutiens à l'allaitement. Ce soutien est aussi essentiel qu'inestimable. Je l'avais souligné ici.
A suivi une brève présentation par Dr Newman, qui a commencé par ces mots :
« Vous qui allaitez, vous qui soutenez l'allaitement, c'est vous qui en connaissez le plus au sujet de l'allaitement. Vous en savez plus que les médecins. Je suis médecin. Les médecins ne savent pas. Les pédiatres encore moins. »
Devant nous, il s'est rappelé ce cours en pédiatrie sur le sujet de la nutrition infantile où le prof avait dit « que le lait maternel était toujours à la bonne température et venait dans de si jolis contenants. » Se questionnant sur la réception qu'aurait aujourd'hui une telle déclaration, il a dit que c'est à peu de choses près tout ce qu'ils ont entendu au sujet de l'allaitement. Puis, il a abordé un peu ses débuts, au CHUL, juste en face. Coïncidence amusante.
Il y avait tant de mamans qui cherchaient un siège qu'on a du demander aux papas, grands frères, grandes sœurs et grand-parents de céder le leur. Ce qu'ils ont fait rapidement, bien sûr. Tout en écoutant le plus attentivement possible, j'aidais une maman à trouver un siège, et Adeline au 'parking de poussettes' créé pour l'événement.
Des bénévoles s'étaient partagées des sections pour le décompte. C'est le Dr. Newman qui a fait l'annonce: un nouveau record... 192 !
Un record ?
En rentrant cet après-midi là, une amie bénévole impliquée dans le milieu de l'allaitement depuis plusieurs années me disait, au téléphone, qu'il y avait eu beaucoup plus de mèrenfants lors des Défis qui avaient eu lieu à Place Fleur-de-Lys, quelques années plus tôt. Comme le confirme cet article du Québec Hebdo, en octobre 2006, où on peut lire que:
Les mamans brisent un record d’allaitement
« Le lait a coulé à flots le samedi 30 septembre dernier au centre commercial Place Fleur de Lys à Vanier alors que 432 mères ont participé au plus important «allaite-thon» tenu dans la région depuis 2000.
L’événement hors du commun, baptisé «Record Allaitement – Défi 2006», avait pour principal objectif de faire la promotion de l’allaitement maternel et de sensibiliser la population à faire preuve de tolérance à l’endroit des mères qui allaitent. L’autre objectif spectaculaire était quant à lui de battre le record du plus grand nombre de femmes allaitant simultanément au même endroit.
En 2000, lors d’une activité similaire, 237 femmes s’étaient prêtées à l’exercice. Six ans plus tard, le record a été battu sans grande difficulté alors que près du double de femmes ont répondu à l’invitation. En effet, 432 mères accompagnées de leur bébé se sont donné rendez-vous au centre commercial. »
Nous étions d'accord: ce n'était peut-être pas un record 'record', mais c'était quand même pas mal de réunir 192 mamans allaitantes au même endroit, en même temps, ne trouvez-vous pas ?
Quand j'en ai parlé à Bénédicte qui, de son côté, organisait 'la grande tétée' chez elle, à Lorient, elle m'a semblé être agréablement surprise. Tout comme je l'avais été. Car au-delà du nombre, c'est le message et le soutien qui comptent, bien sûr.
Soutien
J'étais aussi enthousiaste d'entendre la conférence de Dr. Newman que d'aider les parents qui cherchaient leur poussette dans le 'parking'. Chandail noir - tel que demandé - et brassard jaune au bras, j'ai apprécié que ce 'titre' de bénévole de l'événement me permette d'offrir mon aide à quelques parents-enfants un peu fatigués, mais combien courageux de s'être déplacés là plutôt que d'être tranquillement restés à la maison un samedi matin. Dans un lieu public, tel que cet immense centre commercial, ce n'est pas toujours facile. Il y a un bruit incroyable, des gens qui parlent, qui marchent, tout autour. Sans compter le son du micro, des annonces, ouf ! Facile de comprendre qu'un tout-petit ait plutôt envie/besoin du sein tout chaud de maman pour être nourri, réconforté, ou des bras chaleureux de papa pour observer le monde en toute sécurité. Comme Jean Liedloff l'a dit: au lieu de revenir des courses avec l'enfant dans la poussette, il vaut mieux mettre les courses dans la poussette et porter l'enfant.
Motivations
Est-ce du courage ? De l'amour ? Qui a conduit ces mamans (et familles) à se réunir hors du foyer familial ce samedi-là ? Une chose m'a parue évidente: c'était pour être 'ensemble'.
C'est pour se soutenir les unes les autres, POUR et AVEC leurs enfants, qu'elles font cela, les mamans. Et les papas et grand-parents aussi, bien sûr.
Notre aîné l'a observé tout au long de l'enfance: le premier besoin de l'humain n'est pas l'air, l'eau ou la nourriture, mais le lien. La famille. La 'tribu'. C'est essentiel, on ne peut vivre sans. Au point où, dans une situation qui va à l'encontre du flot de la vie, dans un environnement contre-nature, l'humain peut se soumettre, et tolérer jusqu'à l'intolérable pour ne pas être exclus. L'humain veut être reconnu comme un bon humain, un humain correct. Pourtant, lorsque la connaissance - et la reconnaissance - de notre 'groupe' en matière d'attachment parenting est suffisant, on ne ressent pas ce 'besoin'. Comme le disaient nos enfants, Jean-Pierre Lepri l'a écrit : si le besoin se fait sentir, c'est qu'il y a un manque. D'une chose, qui, pourtant, devrait être là. De même, dans cette culture un peu déconnectée de la nature humaine dans laquelle on vit, au Québec, en ce moment, la maman veut être une bonne maman, et reconnue comme telle. Elle veut suivre son instinct en allaitant son enfant et recevoir en retour, en plus du lien gratifiant et de l'amour mutuel qui en découle - qui, autrement, lui sont amplement suffisants -, le regard bienveillant de l'entourage, le soutien de sa communauté. Rien de plus légitime. Et facile à faire. Alors, accordons-le lui ! :-)
Au nombre des motivations à participer à ce Défi, je vois aussi que bien des mamans ont besoin d'une information juste, basée sur des faits. Ce qui leur tiendra ensuite lieu d'encouragement, de soutien. Pour certaines, ce sera aussi le tremplin qui leur permettra d'en poursuivre la diffusion.
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Avec le Dr. Jack Newman (Photo: Dominique Richard) |
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Pour moi
Maman d'un premier bébé allaité un trop bref moment, et d'un second petit allaité... des années, c'était l'opportunité de revenir un peu sur mon vécu. Et de me faire bénévole pour l'allaitement, chose qui me tenait à cœur depuis longtemps. Des monitrices LLL m'avaient demandé à quelques reprises de faire la formation pour devenir marraine d'allaitement. Chaque fois je refusais, timidement, sentant que je ne pouvais offrir à d'autres le temps que je désirais vivre AVEC mes enfants. D'autres y arrivent, et c'est tant mieux. En 1998-99, je ne le sentais pas. En 2013, je l'aurai fait, le temps d'une journée, plus quelques heures pour en témoigner ici. Et puis, comme toutes celles qui le vivent, j'en témoignais chaque jour.:-)
Extraits de la conférence de Dr. Jack Newman:
à venir dans un prochain billet.
Images et mots
Merci à l'équipe du Défi Allaitement Québec 2013 qui a fourni les images de ces charmantes dyades que j'ai eu le plaisir de côtoyer ce jour-là. Pour d'autres images, visitez la page facebook de l'événement, ou cliquez ici. Radio-Canada était sur place.
En terminant
Un soir où je travaillais à la rédaction de cet article, je suis tombée sur un extrait de ce témoignage, et j'étais d'accord avec ceci:
J’ai lu, dans un excellent article publié par la Gazette des femmes,
une phrase qui m’est resté en tête: «la cause à défendre ne doit plus
être celle de l’allaitement, mais celle des femmes qui allaitent». Je ne
pourrais être plus d’accord. Au lieu de faire de gros yeux à celles qui
en arrachent, assurons-nous d’abord comme société de leur fournir toute
l’aide dont elles ont besoin. Je suis certaine que ce serait plus
efficace pour faire monter le pourcentage de bébés allaités. Mais
surtout, ça réduirait grandement la détresse que vivent plusieurs mères
dans ces moments de leur vie où elles sont si vulnérables. On leur doit
bien ça, non?
J'y ai répondu ceci, sur la page facebook de J'OSE la vie !:
« J'appelle à la reconnaissance familiale et sociale, du 'métier' (de la vie) de maman. J'appelle à la reconnaissance du besoin des mamans de notre culture
aujourd'hui de renouer avec la nature humaine, notre nature de
mammifère.
J'appelle tous ceux qui les entourent, la famille
d'abord, les grand-parents, les tantes, les amies, les voisines, les
cousines, (au masculin aussi) à offrir aide et soutien, à assumer tout le
reste: tout ce qu'une maman n'a pas le temps ou pas envie de faire, et
ce pendant toutes ces années où elle allaite son enfant.
Ne vous en
faites pas, elle aura bien le temps et le désir de faire bien d'autres
choses, et de reprendre, ou créer, de nouvelles activités qui auront un
sens pour elle et son enfant, et sa famille. Vous n'en ferez pas des
'enfants gâtées' parce que vous faites l'entretien de la maison, les repas, la lessive, les courses, ou changer les couches, je vous assure.
J'appelle à une vraie vie vivante, au 'vivre ensemble', mèrenfants, familles, tribus. Tous heureux ensemble ! comme le disent mes enfants depuis si longtemps, si longtemps. »
Édith
P.S. Pendant ce temps, Bénédicte témoignait de son quotidien de maman qui allaite son enfant, sur le blog mamanana. À publier ici bientôt, le temps de trouver une ou deux autre(s) photo(s)... et du temps. ;-)