Suite à cet article que j'ai lu hier soir et fait suivre sur facebook, j'ai écrit un commentaire ce matin à quelqu'un qui disait:
« Duh! But I guess most people need a study to "prove" it! ;-) »
Traduction libre:
« Évidemment! Mais je suppose que la plupart des gens ont besoin qu'une étude le ''prouve''! ;-) »
Ce sont les mots d'une maman qui a beaucoup d'expérience de unschooling, ses enfants sont grands, et j'apprécie ses commentaires et ses écrits. Elle sait que bien des gens ne semblent croire que ce qui est prouvé par une étude.
Moi, ça me touche car c'est un point sensible quand on fait des choix qui vont « dans le sens de la vie » comme le disait Jean-Pierre Lepri, lors de son passage à Québec. L'attachment parenting, le unschooling. Le choix de ne pas manger d'animaux, aussi.
Je me suis demandé la même chose pendant longtemps. Pourquoi ça prend une étude pour prouver ce qu'on sait d'instinct? Lorsque j'ai pris le temps de m'y arrêter, d'écouter, nos enfants, d'observer et de m'écouter, moi, j'en ai déduit ce qui suit. Je partage ici mon commentaire de ce matin, traduit en français.
« J'ai observé que lorsque les gens d'aujourd'hui ont besoin d'une
étude pour « prouver » quelque chose, c'est qu'ils « savent », mais tout le
monde autour « semble » ne pas être au courant. Le sentiment de solitude
est un problème important, puisque les humains sont grégaires.
Mon fils aîné m'a dit, quand il était adolescent, que «le besoin premier d'un être humain n'est pas de respirer, manger ou boire, mais bien d'avoir un «groupe» dans lequel on se sent aimé, accepté, pour qui on est, ce qu'on aime, ce qu'on aime
faire, et cela inclut d'avoir des personnes autour de soi pour faire avec nous les choses que nous aimons faire. Et pour combler ce besoin, on peut renoncer à
certaines choses essentielles, parce que sinon, on va être isolé, rejeté.» ...
Il a beaucoup parlé et écrit sur ce sujet.
Cher fils, je t'en remercie. ♥
En tout cas,
c'est ce
qui m'est arrivé, à cause de l'éducation répressive (nommée « violence éducative ordinaire » en français). Depuis l'enfance, je me
sentais comme si j'étais seule à « sentir » différemment les choses à l'intérieur,
à voir les choses autrement. [Plus tard, parfois beaucoup plus tard] Certaines études m'ont donné raison, et
alors, j'ai pu oser dire à certaines personnes autour de moi - à certaines personnes plus
agréables (en général, je ne parle pas à celles qui ne le sont pas) - que je ne me
trompe pas quand je fais ce que je sais, ce que je sens, en moi.
Puis
vient un moment où les gens qui nous entourent changent. Ce qui
signifie, à mon avis, qu'ils osent faire ce qu'ils sentent être bien, à l'intérieur,
ce qui leur fait du bien aussi. Et alors nous n'avons plus besoin d'autant d'études pour prouver que nous sommes dans le vrai.
Nous n'avons pas besoin
d'études lorsque nous vivons entourés de personnes sympathiques, respectueuses,
bienveillantes et aimantes.» ~Édith
***
Tout ça m'a rappelé cette causerie avec ma mère, en fin de semaine. À un moment, elle a déclaré:
« Moi, la vie, je l'ai apprise dans la vie, pas dans les livres! »
Je sais que c'est vrai, et je trouve ça génial. Vraiment. J'ai dit que moi, les livres que j'ai appréciés, ce sont ceux qui m'ont montré que d'autres avaient aussi ressenti, vécu, vu les mêmes choses que moi. Les livres, les études, surtout celles en neurobiologie, me sont parfois utiles pour démontrer que la relation parent-enfant est primordiale. Et que d'offrir plus de disponibilité, de temps, de respect, d'attention, de soutien, et de bienveillance à nos enfants est toujours pour le mieux. Peu importe leur âge. Apprendre la vie dans la vie, c'est ce que j'ai pu faire aussi un jour, quand j'ai enfin senti que c'était possible d'offrir cette opportunité à nos fils, sans être isolés.
Merci maman pour tes mots du cœur, qui me touchent beaucoup. ♥
Édith
***
Original, en anglais :
Note: Mon anglais n'est pas du tout parfait, je suis en apprentissage continu, dans la vraie vie, je fais des efforts sincères, et je pars du principe que qui me lit en fait aussi. :-)
***
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20 février 2013 |
« I observed that when people of today need a
study to 'prove' something, it is that they 'know' it, but everyone
around 'seems' not to be aware of it. Feeling lonely is a big big
problem, as humans are gregarious.
My older son told me, when he was
a young teen, that the first need of a human being is not to breathe,
nor to eat, or drink, it is to have a 'group' in which you feel loved,
acepted, for who you are, with what you like, and like to do, including
having people around to make things you
like with you. And for that need, we can give up to some essential
things, because otherwise we will be isolated, rejected. ... He wrote a
lot about that. (Thanks to you, dear son ♥)
Anyway, it is what
happened to me, because of repressive education (what is named 'ordinary
educational' violence in French). Since childhood, I was feeling like I
was the only one who 'feels' differently inside, who sees things
otherwise. Some studies have prove me right, and then, I can dare to say
to some nicer people around me (usually, I don't talk to the other
ones) that I'm not wrong when I do as I know and as I feel inside.
Then comes a time when people around us change (means they dare to do
what they feel inside is good, what makes them feel good), and we don't
need that much to have studies to prove we're right. We don't need
studies when we live with nice, respectful, benevolent, loving people. » ~
Edith C Laflamme