mercredi 24 octobre 2012

À la mémoire de Jacques

Jacques est décédé dimanche. 
Je l'ai appris hier.
Jacques était un ami de très longue date de mon père, et donc, un ami de la famille. Ils étaient policiers ensemble. Ils ont pris leur retraite ensemble. Ils avaient le même âge. 



Je me rappelle quand Jacques venait à la maison, quand j'étais enfant. Il avait une grande moustache qui m'impressionnait. Il était grand, très grand - et moi, j'étais petite. Il avait des tatouages sur les bras, souvenirs de lorsqu'il était matelot, peut-être. Il me frottait la tête de sa grosse main velue. Il m'appelait «grenouille». C'était un mot doux de sa part. Ma mère, il l'appelait «m'man Chabot». Il l'aimait bien.

Jacques a toujours été gentil avec moi. Le jour de mes deux ans, je me suis coupé l'auriculaire  de la main droite dans une porte. C'est Jacques qui est venu nous conduire à l'hôpital, avec ma mère, pour qu'on recouse mon petit doigt.

Je l'ai revu quelques fois au cours des années, quand on se croisait chez mes parents, à la maison ou au chalet.
Jacques aimait bien nos enfants aussi. Il était gentil avec eux et très ouvert à notre choix de ne pas les mettre à l'école. Il trouvait que ça n'avait pas de sens de mettre des enfants au monde et que leur mère ne soit pas avec eux pour en prendre soin.

Un jour, on a eu l'idée de lui envoyer une invitation à venir nous visiter à un Expo-Passions-Projets. Il est venu. Avec sa copine, Sylvie. Et il y est revenu chaque année ensuite. Il était content d'être invité par nos enfants qui écrivaient et décoraient toujours les invitations à leur façon, et la lui envoyait personnellement, par la poste, chez lui, à la campagne.

En mai 2009, il avait confié à Sylvie, les larmes aux yeux, que c'était sûrement la dernière fois qu'il venait à un Expo voir les projets de nos enfants.



Jacques avait un cancer.
Notre plus jeune se rappelle la dernière fois qu'il l'a vu, il avait des tubes dans le nez, et plus d'estomac... 


Un jour, en rentrant du chalet de grand-maman et grand-papa, on s'est arrêtés lui dire bonjour. Il avait l'air bien content de nous voir. Il nous a emmenés nous promener sur sa terre, aux côtés de Tiza, la gentille chienne qui vivait avec lui. Notre grand y avait observé des insectes à la carapace noire bleutée une partie de l'après-midi. Stéphane avait jasé avec lui de toutes sortes de choses pendant qu'on profitait de l'espace et du grand air.

Je ne sais pas si c'est la maladie qui l'a conduit à ça mais il ne mangeait pas de viande. Seulement des fruits et des légumes, et quelques légumineuses, dans sa sauce à spag.   

Je sais que Jacques a beaucoup souffert dans sa vie, qu'il était rongé de l'intérieur. D'avoir été abandonné, et maltraité, lorsqu'il était enfant. 

Je ne sais pas ce que ça fait que de mourir, de quitter la vie. La vie d'ici, en tout cas. Je ne sais pas comment c'est 'après', ni même s'il y a un 'après'. Ce que je sais, toutefois, c'est que comme chacun/e d'entre nous, Jacques méritait de vivre le bien-être. Et que chaque fois qu'il n'y a pas eu accès, ça n'a pas aidé sa vie, sa santé, ni physique, ni mentale. 

J'espère que c'est vrai que notre âme peut reposer en paix 'après'. Je lui souhaite de tout coeur. 
Salut Jacques ! 
Paix à ton âme, et merci d'être passé dans ma vie. 
Je vivrai avec le souvenir de ces bons moments, et je souhaite que tous les gens qui t'ont connu fassent de même. Et que le vent emporte le reste.
Salut Jacques ! ♥
Edith 

P.S. On a toujours à la cuisine ce refroidisseur d'eau que tu nous a donné. Merci!


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In Memory of Jacques

Jacques died on Sunday.

I learned it yesterday.

Jacques was a long time friend of my father, and therefore, a friend of the family. They were both policemen. They get retired at the same time. They were the same age.

I remember when Jacques was coming to our place when I was a child.
He had a big mustache that impressed me. He was big, very big - and I was little. He had tattoos on his arms, memories of when he was a sailor, perhaps. He was rubbing my head with his big hairy hand. He was calling me "frog". It was a gentle word from him. My mother, he was calling her "M'man Chabot." He liked her.

Jacques has always been nice to me. On my second birthday, I cut my little finger of the right hand in a door. It was Jacques who came to lead us to the hospital with my mom, so that they can stitch up my little finger.

I met him a few times over the years, with my parents at home or at the cottage. Jacques liked our children as well. He was nice to them and very open to our choice not to put them in school. He sometimes said that it doesn't make sense to bring children into the world and that their mother won't be with them to take care of them.

One day, we had the idea to send him an invitation to visit us at Expo-Passions-Projects. He came. With his girlfriend, Sylvie. And he returned every year thereafter. He was glad to be invited by our children who always wrote and decorated invitations in their own way, and sent him personally, by mail, at his home, in the countryside.

In May 2009, he had told Sylvie, tears in his eyes, it was probably the last time he came to see their projects.

Jacques had a cancer.

Our youngest remembers the last time he saw him, he had tubes in his nose, and no more stomach ...

One day, returning from Grandma and Grandpa's cottage, we stopped to say hello. He seemed glad to see us. He took us for a walk on the land with Tiza, the nice dog who lived with him. Our oldest observed insects with a black blue carapace part of the afternoon. Stéphane had chatted with him about all sorts of things while we were taking advantage of the fresh air.

I don't know if it is the illness that led to this, but he didn't eat meat. Only fruits and vegetables, and some legumes in his spag sauce.

I know that Jacques has suffered in his life, he was like eaten away from inside. To have been abandoned, and mistreated as a child.

I don't know what it's like to die, to leave life. Life here, anyway. I don't know how this is 'after', or even if there is an 'after'.

What I do know, however, is that as each of us, Jacques deserved to live in well-being. And each time there was no access to this well-being, it has not helped his life, health, physical or mental. I hope it is true that our soul can rest in peace 'after'. I wish him wholeheartedly.

Good bye Jacques!

Peace to your soul, and thank you for stopping in my life.

I live with the memories of the good times, and I hope that all people who have known you will do the same. And that the wind will carry the rest away.

Good bye Jacques! ♥

Edith

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