Il y a un an, on m'invitait à faire un discours devant le
Parlement, lors de la marche et manifestation organisée par le Front de
Solidarité pour la liberté éducative au Québec.
Évidemment, j'y ai parlé d'Écologie de l'enfance. À toute fin utile, en voici la vidéo, tournée par un papa membre, et le texte juste en-dessous.
Évidemment, j'y ai parlé d'Écologie de l'enfance. À toute fin utile, en voici la vidéo, tournée par un papa membre, et le texte juste en-dessous.
Texte du discours du 7 mai 2019
évaluation, éducation, école-maison, ... : écologie de
l'enfance.
« Je
n'ai pas élevé mes enfants, je me suis élevé avec mes enfants »
~Jacques Higelin
***
« L'apprentissage,
ça ne se calcule pas en heures, en jours, en mois, en années, en
tests et en notes, ça se calcule en enfance ! Ça se calcule en
enthousiasme, en patience, en découverte, en liberté. »
Alors
évaluer l’enfant ? Observer d'abord.
J’aimerais
vous parler de l’enfant.
L’école
est généralement l'unique lieu-et-mode d'apprentissage que nous
avons connu. C'est donc logiquement le seul que nos concitoyen.nes,
fonctionnaires, députés et ministres connaissent... pour le moment.
Et pourtant… Essayez de ne pas apprendre pendant 24h, où que vous
soyez, vous verrez ! C’est impossible.
« En
éducation, l’air frais nous vient de la science, de l’observation
des incroyables dispositions spontanées de l’enfant et de
l’attitude respectueuse qui, immanquablement, en résulte. Une
terre nouvelle – un Québec nouveau – se profile à l’horizon.
On
a cru beaucoup de choses dont on revient dorénavant. Il n’y a pas
de mal à cela. Il est heureux de constater que l’humain évolue au
fil de ses connaissances.
On
a cru que le cerveau et ses fonctionnements étaient programmés
génétiquement. Qu’on naissait bête, intelligent, lent, rapide…
Or, la neurobiologie moderne a démontré que le cerveau se développe
en fonction de l’usage que l’on en fait ! Le neurobiologiste
allemand Gerald Hüther raconte que la zone du cerveau qui commande
les mouvements du pouce est surdéveloppée chez les jeunes
d’aujourd’hui. Et c’est bien de l’usage intensif du téléphone
portable que cela découle. Cette découverte a incité certains à
traiter le cerveau comme un muscle, exercices de musculation
cérébrale à l’appui. […] : aucune des méthodes
appliquées n’a fonctionné. Comment expliquer alors que la « zone
des pouces » ait spectaculairement grossi à écrire des SMS,
mais que la « zone des maths » ne change pas lorsqu’on
la sollicite intensivement ? C’est la découverte suivante qui
a permis d’expliquer ce phénomène. Elle est primordiale et
apporte un élément décisif à notre compréhension de
l’apprentissage : le cerveau se développe là où nous
l’utilisons avec enthousiasme !
Décortiqué
dorénavant par les scientifiques, le processus est aussi simple que
limpide : l’enthousiasme agit comme un engrais. Là où nous
nous enthousiasmons, notre cerveau se développe de manière rapide
et spontanée. La neurobiologie prouve ce que nous savons tous par
expérience : l’enthousiasme est la clé des choses. Il nous
donne des ailes, nous libère des obstacles. En état d’enthousiasme,
plus rien n’est inaccessible, et apprendre se « fait tout
seul ».»
~André
Stern, Semeurs d'enthousiasme – manifeste pour une écologie de
l’enfance, L'Instant Présent, 2014
Mon
espoir est que chacun.e d'entre nous préserve précieusement cet
élan inné de découverte du monde et de curiosité qu'ont tous les
enfants en
adoptant l'attitude qui maintienne l'enfant dans sa disposition
spontanée, de curiosité, de jouer
– qui est LE synonyme
d’apprendre/comprendre/ressentir – , qui le maintienne dans son
élan, son désir naturel d'autonomie.
Aujourd'hui,
en 2019, comme bien des parents (soulignons qu’ils sont des
millions dans le monde), des éducateurs et des chercheurs
choisissent d’adopter cette attitude de confiance envers les
enfants. Notre ministre de l'éducation peut, lui aussi, le faire.
Monsieur
Roberge a ici une chance que beaucoup de ses prédécesseurs n'ont
pas eue : de plus en plus de parents/citoyens engagés oeuvrent
à un travail d'observation et de diffusion d’informations
scientifiques sur la façon dont les enfants apprennent, dont notre
cerveau fonctionne et ce, malgré un climat social d'incompréhension,
de crainte, voire, parfois, de méfiance.
Quelques
recommandations
1.
Remettre
l'Enfant au cœur de la vie citoyenne pour ainsi devenir une société
véritablement ouverte sur la famille, par :
- la réaffirmation de l'importance – et de l'essence même – du rôle des parents québécois dans l'éducation des enfants qu'ils ont invités à la vie;
- le choix du dialogue avec tous les citoyens intéressés, sans exclusion;
- l'appui aux initiatives parentales en matière de respect et de confiance dans les dispositions natives de l'enfant, à toutes les étapes de la vie (grossesse, naissance, allaitement, attachement, apprentissage, autonomie, etc.), par exemple :
- apprentissage autonome accompagné d'au moins un adulte de référence de l'enfant (aussi appelé « apprentissage libre » (ou 'unschooling', en anglais) ;
- accueil et ouverture à la présence de l'enfant dans des milieux de vie qui lui sont actuellement fermés (qu'ils soient liés à l'apprentissage, à la culture, au travail ou autres lieux publics).
- l'enfant qui baigne dans un climat de confiance et de respect reste habité toute sa vie du même respect et de cette confiance, en lui, en l'autre;
- l'enfant qui grandit ainsi conserve son enthousiasme natif, cette poussée d'engrais qui le meut toutes les trois minutes plutôt que de le voir diminuer jusqu'à atteindre un seuil aussi bas que deux à trois fois par an;
- l'enfant heureux participe volontairement et avec enthousiasme au bien-être de la société au sein de laquelle il est bien, et bienvenu.
Créer
une table de concertation québécoise liée à un comité de
consultation international composé de parents-témoins,
d'administratrices de groupes de soutien, d'auteurs et chercheurs
d'expérience sur les thèmes liés à l'écologie de l'enfance afin
de :
- discuter et élaborer un plan de mise en marche par des rencontres (conférences, ateliers, etc.) avec ces personnes qui y consacrent leur vie, personnelle, familiale ou professionnelle;
- intégrer l'écologie de l'enfance à la vie personnelle, familiale, professionnelle, communautaire, économique, sociale, fiscale et politique partout au Québec.
4.
Diffuser
une information juste, basée sur la science (neurobiologie,
épigénétique, …), sur ce sujet essentiel au bien-être de
l'individu et de là, à celui de toute la société québécoise, et
ce, autant dans les médias que dans les milieux de la santé, de
l'éducation, de l'économie, des services sociaux, ainsi que dans
tous les services liés au quotidien des familles, à l'emploi ou à
l'entrepreneuriat.
5.
Soutenir
socialement, politiquement, fiscalement, financièrement, toutes les
étapes de ce retour à 'soi', à une vie de société :
- où chaque citoyenne, chaque citoyen, est reconnu.e, vu.e, entendu.e, apprécié.e, respecté.e;
- où chacune, chacun, peu importe ses 'conditions' de naissance ou de vie (âge, genre, ethnie, langue, conditions de santé, milieu économique ou géographique, etc.); peu importe ses enthousiasmes et ses rythmes propres; a accès aux ressources (humaines, matérielles, logistiques, etc.) pour apprendre et développer les compétences qu'elle ou il choisit;
- ou chacun, chacune, peut, autant qu'il ou elle le souhaite, participer à la vie sociale, politique ou professionnelle, et ce dans quelque lieu ou groupe que ce soit, en toute sécurité physique et psychologique.
Conclusion
La
science nous invite à l'observation de l'enfant. Dans la position de
l'observateur, on est à l'abri de l'erreur. En observant l'enfant,
on voit comment il voit, regarde le monde autour de lui, comment il
comprend, comment il apprend.
La
clé en est le respect du rythme et de l'enthousiasme propres à
chaque enfant. En effet, de l'enthousiasme naît la compétence et de
la compétence l'attente des pleins potentiels de chaque citoyenne et
citoyen, la réussite de sa vie au sein d'une société dont le
développement est véritablement soutenable.
Au-delà
de l'évaluation des enfants et de ces sempiternelles comparaisons
entre approches, méthodes et pédagogies qu'on sait obsolètes grâce
notamment à la neurobiologie, je
propose, plutôt, de partir de l'enfant. »
Édith
Chabot-L, mère et citoyenne engagée
initiatrice
et responsable du congrès du mouvement « Écologie de
l'enfance »,
impliquée
dans plusieurs milieux liés à l'enfance et à l'apprentissage
depuis vingt ans, notamment pour un mandat au sein du C.A. et du
comité de soutien légal de l'AQED.
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