Dimanche,
6 avril 2014, dernier jour de l'exposition Une
histoire de jeux vidéos au Musée de la Civilisation à Québec.
Je
demande à Jérôme s'il veut y aller, jouer une dernière fois. Il
me regarde, sourit, et répète que non. Il n'a pas envie d'un bain
de foule.
Moi,
j'y serais bien allée danser encore une fois, jouer à Space
Invaders, Mine Storm,
et lire des extraits de l'histoire de cet art sur les grands murs
colorés.
Je
ressens une certaine nostalgie d'arriver à la fin d'une activité
aussi heureuse que remplie de toutes sortes de possibilités
d'apprendre en jouant.
«
Apprendre en jouant », un pléonasme je sais bien.
«
Le jeu est le meilleur, le plus adapté, des dispositifs
d'apprentissage» (sic André Stern, écologie de l'éducation), la meilleure manière d'apprendre et de retenir
sinon la seule, la façon écologique, économique, le développement
durable du cerveau humain, permettez-moi de le répéter ici,
d'autant que des gens de musée sont d'accord avec nous!
Comment
est-ce possible qu'il y ait une fin ? Pourquoi ne pas la prolonger ?
Elle l'a été, de quelques semaines déjà, je sais bien, mais, ...
Ce que je veux dire, ce que je pense, c'est pourquoi ne pas avoir une
telle exposition, une telle salle de jeux et de rencontres permanente
?
Il
existe des expositions permanentes. Au Musée de la Civilisation
comme ailleurs. Alors, pourquoi pas celle-là, qui a amené 100 000
entrées de plus en un an que les années précédentes ?
Certains
diront qu'on ne peut pas savoir avec certitude si ces cent milles
entrées de plus y sont liées directement. Les entrées au musée ne
sont pas comptabilisées par exposition. Tout de même, pensons-y, y
a-t-il quelqu'un qui ait entendu parler d'une autre exposition en
2013-2014 sans entendre parler d'abord, ou au moins autant, de celle
des jeux vidéos ? Juste nous, famille et amis, avons fait quelques
dizaines d'entrées.
Une histoire de jeux vidéos a réuni des familles, des gens de tous âges, autour du jeu et de l'apprentissage, des premières bornes d'arcade aux jeux sur pc ou Apple, aux consoles retrogaming jusqu'aux plus récentes. De Pong ou Terminator à Dance Dance Revolution en passant par Super Mario 64, Sonic the Hedgehog ou A link to the past (Zelda), des jeunes de tous âges sont passés se rappeler des souvenirs, essayer de faire sauter la clôture à un Schtroumpf un peu pataud, tenter de voler un camion de pompier sur GTA ou frapper sur les bongos de Donkey Kong.
Un
jour, nous y avons croisé un jeune homme et sa maman, qui se
rappelait, émue, des jeux d'enfance de son 'petit'. Une
autre fois, on a fait le quiz avec Pierre-Marie, un ami en voyage
d'affaires au Québec, après avoir joué à différents jeux
d'arcade ou de consoles.
Bien
des copains, fans de jeux vidéos ou pas, nous y ont accompagnés, et
se sont laissés prendre... au jeu. Des PVTistes de passage chez
nous jusqu'à une amie qui regardait l'étincelle dans les yeux de
son fils, tous étaient unanimes: c'était l'fun !
Alors,
pourquoi la fin ?
Lundi,
7 avril 2014, 10h00
Fini
? C'était fini ? On allait tout démonter, remballer, rentrer en
France ?
Et
on allait manquer ça ?
Pas
possible…
Fallait
trouver une idée pour être là, voir comment se passe la fin des
jeux vidéos.
…
Maxime Montcalm,
chez Beenox - une entreprise
de développement de jeux vidéos - la
plus cool à Québec!
- vérifie avec des gens de son bureau, me rappelle et me suggère
d'écrire à Pierre-Luc Collin, chargé de l'activité culturelle de
cette exposition.
10h42,
j'écris un courriel à Monsieur Collin, nous présente (Amis du Musée pendant plusieurs années, de nouveau depuis l'été dernier lorsque nous avons vu cette exposition, fans de jeux vidéos, auteurs d'un blog, conférence sur le sujet à venir bientôt), demande une
visite. Quelques minutes plus tard, la réponse. On me réfère à la chargée de projets au Service des expositions.
L'idéal serait d'organiser la visite aujourd'hui puisqu'il ne
restera plus grand-chose dans les vitrines après cela.
J'appelle. La dame me confirme qu'il vaut mieux faire la visite
aujourd'hui. Elle nous accueillera à 14h00. « Il ne faut pas trop
attendre, dit-elle, les équipes de techniciens sont sur place depuis
le matin: un démontage, ça se fait très rapidement. »
Efficace
!
Nous aurons une demi-heure pour la visite. Ce sera très bien, je remercie. Quelle chance !
Nous aurons une demi-heure pour la visite. Ce sera très bien, je remercie. Quelle chance !
13h20, en voiture !
14h00, Jérôme et moi arrivons 16 rue de la Barricade.
À l'entrée, on nous demande de signer le registre, puis on nous remet le badge des visiteurs.
Nous attendons Madame Lippé dans la petite salle d'attente à l'entrée. La voilà qui arrive, blonde, souriante, sympathique. Elle nous accueille, nous fait entrer dans le hall du musée par la porte des employés, nous explique que les visiteurs ne sont généralement pas admis dans les salles en démontage, qu'il s'agit d'une exception, qu'il faudra rester avec elle, qu'on peut faire des photos des lieux, des objets, mais pas des gens. Heureux d'être là, ouverts à tout capter ce que nous pourrons, nous respecterons les consignes à la lettre. Avec joie !
À l'entrée de la salle, une grosse caisse en bois devant la figurine grandeur nature du héros de Assassins Creed qui monte la garde depuis un an déjà. On apprend que cette 'figurine' se démonte, les bras, les jambes, la tête, tout se dévisse. Comme une poupée barbie, dis-je.
La suite, en photos:
Elle attend aussi les pièces pour Les Maîtres de l'Olympe, une exposition en provenance de Berlin, qui ouvrira le 23 avril.
Démontage signifie déménagement, entreposage, nettoyage, vente aussi:
- déplacement et conservation de différents objets;
- vente des modules fabriqués sur mesure, selon les plans fournis par mo5, qui en a fait le design, à un petit musée privé de Sherbrooke qui ouvrirait bientôt;
- emballage: chaque objet a le sien, caisson de bois le plus souvent;
- gestion des arrivées et départ des camions au débarcadère;
- transport et hébergement des équipes comme celle de mo5;
- préparation de la salle pour l'exposition suivante !
Tiens, Mathieu vient nous saluer. Technicien au Musée, Mathieu est membre québécois de mo5 - on l'apprend aujourd'hui. Nous l'avons rencontré il y a quelques mois, lorsque Jérôme a fait l'achat d'une console NES. Nous nous sommes revus à quelques reprises et avons beaucoup appris avec lui, jusqu'à comment ouvrir une cartouche de jeu, et où se situe la pile pour les sauvegardes. Passionné de jeux vidéos, Mathieu sait aussi entretenir et réparer consoles et jeux. Une vraie mine d'information sur le sujet !
Ici la table des artéfacts (interdiction de photographier) passés au peigne fin par l'équipe de conservateurs. Chaque objet a un numéro et une fiche. On y note l'état de la pièce, vérifiant s'il est le même que celui dans lequel il est arrivé, il y a un an. Comme pour tout objet de collection muséale, les consoles, cartouches, magazines, figurines, manettes, sont des artéfacts.
On approche de la fin. Deux hommes viennent s'entretenir un moment avec Madame Lippé. Elle nous les présente rapidement, ce sont eux 'les gars de mo5', en France. Enchantés, nous les saluons et leur posons quelques questions. J'ose: « on peut se revoir ? Discuter, pour ajouter à notre article sur cette exposition et pour cette conférence sur les jeux vidéos que j'offre à Montréal le 26 avril prochain ? » Ils acceptent généreusement. Rendez-vous pris pour le lendemain matin. Madame Lippé propose le café du Musée. Je suggère 10h00, histoire de ne pas être pris dans les embouteillages.
Et hop, encore quelques photos, et nous terminons cette dernière visite de notre exposition bien-aimée.
Vous désirez en savoir plus ?
Rendez-vous
Photos par Édith pour J'OSE la vie !
4 commentaires:
tres belles photos de vous 2
J'aurais bien aimé voir l'expo! On a déjà l'équivalent d'une mini expo avec la collection de jeux de mon chum, mais je suis certaine qu'il y a plein de choses que j'aurais tout de même pu découvrir! Votre article m'a permis de voir un peu de trucs, tout de même, c'est comme une mini visite par votre intermédiaire :) Merci!!
wow j'y serais bien allee si j'avais su... mon chum est passionné de jeux vidéos
moi c'est pas mon truc mais j'y serais allé rien que pour me rappeler de bon souvenirs :)
Est ce que Jérôme a déjà crée des jeux vidéos ?
Merci pour cet article passionnant !
Merci à vous, Marie-Noelle et ellene, d'avoir pris le temps de nous écrire.
Un article sur l'association mo5.com attend en file à la rédac... :-)
Pour répondre à ta question, ellene, Jérôme s'intéresse plutôt à la partie scénaristique et au dessin (de personnages, entre autres). Olivier a déjà créé des jeux, il y a plusieurs années.
Moi, j'ai appris le printemps dernier que je suis une 'backseat gamer'. ;-)
Édith
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