28
mars 2017 - Hier, sur une liste de discussion, la question de "ce
qu'est le unschooling"
a été soulevée. À toute fin utile, je copie ici le petit lexique
que j'y ai partagé.
Un
peu partout, et de plus en plus depuis au moins une dizaine d'années,
on confond unschooling avec homeschooling ou relaxed
homeschooling, sans parler de unparenting...
Ci-dessous,
j'essaie d'éclairer un peu les choses.
--
Je
me sens indéfectiblement interpellée par les diverses définitions
(parfois erronées) que donnent des parents et parfois aussi des
journalistes ou des chercheurs, à ce mot. N'y a-t-il pas un certain
danger qui puisse perdurer à amalgamer le mot unschooling
avec homeschooling ou en faire un cocktail avec le
respect des dispositions spontanées de l'enfant? Et quid de la
confusion avec unparenting ? Aux yeux du grand public, mais
aussi sur les lieux de rencontre avec des parents en recherche (ou
pas), cette confusion peut conduire à croire – puis à affirmer,
publiquement – que cette attitude serait la même que le vécu
école à la maison (version unschooling ou pas), ou encore
que le vécu serait exactement le même à temps plein ou à temps
partiel. Difficile ici de ne pas voir un certain parallèle avec le
végétarisme, l'allaitement ou un accouchement naturel... j'y
reviendrai à la fin de ce billet.
Le
problème soulevé ici n'est pas celui de l'implication lorsqu'on
adopte une attitude ou une autre face à l'enfant, ou que l'on
choisisse de respecter ses dispositions spontanées quand on se sent
de le faire, mais bien de définir les mots de façon juste, afin de
les utiliser pour ce qu'ils représentent, sans apposer d'étiquettes
sur les personnes, et sans plus d'affect. Comme on l'a fait avec tant
d'autres mots (récemment : végétarisme, végétalisme,
véganisme, …) et qu'on le fera certainement avec bien d'autres
dans le futur.
Suit
un post qui attendait
en file depuis 3 ans : «
Le unschooling
est-il une méthode ? »
Enfin quelques parallèles, et une conclusion / retour à soi et au début de la vie. ;-)
Enfin quelques parallèles, et une conclusion / retour à soi et au début de la vie. ;-)
petit
lexique
- homeschooling / école à la maison, scolarisation à domicile : apprentissage à la maison avec une approche ou une pédagogie particulière ou à l'aide d'un programme scolaire (généralement choisi par un adulte) ;
- relaxed homeschooling : apprentissage à la maison avec ou sans méthode particulière ou programme scolaire sauf pour certaines 'matières' jugées plus importantes par l'adulte (ex. : maths, langues...);
- unschooling / apprentissage autonome (aussi appelé apprentissage libre ou informel) : apprentissage selon les enthousiasmes de l'enfant, toujours librement, avec la confiance et le respect, l'attention et la disponibilité constante d'au moins un adulte de référence;
- radical unschooling: comme le unschooling, avec la même confiance et le même respect envers l'enfant concernant les autres aspects du quotidien (ex.: alimentation, sommeil, vie du foyer...);
- attachment parenting / parentage de proximité : parentage biologique/naturel fondé sur l'attachement, un lien affectif fort et sécurisant entre l'enfant et ses personnes de référence primaire;
- écologie de l'enfance: attachment parenting + unschooling radical élargi pour englober toutes les étapes de la vie. L'écologie de l'enfance est, en fait, le respect des dispositions spontanées de l'enfant;
- deschooling / déscolarisation: période de vie, de changements de paradigmes, principalement pour les parents, et qui s'étend généralement sur quelques années avant d'en arriver au unschooling;
- le mot unschooling se dit de la période de vie qui correspond à l'âge de la scolarisation obligatoire dans la province/pays/état où l'on vit, donc de 6 à 16 ans au Québec;
- le mot unschooler se dirait de l'enfant qui vit le unschooling, mais pas du parent.
Enfin,
je le répète, je le partage aux fins de recherche et nullement dans
le but de créer des catégories de personne - ce qui n'existe pas.
D'ailleurs, je n'ai que rarement vu/lu ces mots utilisés pour
qualifier des personnes, mais bien pour nommer des expériences, des
vécus, ce qui est pertinent en sciences. Les personnes, elles,
restent... des personnes. :-) Comme je l'expliquais ici
à propos de la différence entre le végétalisme et 'être
végétalien/ne'.
Ce
petit lexique sera plus ou moins utile pour chacune/chacun au
quotidien, mais comme pour tout autre sujet, il l'est
particulièrement pour la recherche ou la diffusion d'information.
Le unschooling est-il une méthode ?
On
peut penser que le unschooling est une méthode différente,
une autre façon de faire l'école à la maison.
Ça
ne l'est pas.
On
peut penser que le unschooling
est une approche éducative équivalente mais différente des autres approches.
Ça
ne l'est pas.
Un peu partout, on a vu décrit plusieurs 'approches', le plus souvent classées hiérarchiquement, de la scolarisation à domicile (qu'on dit structurée...) jusqu'au unschooling (qu'on dit non-structuré...).
Ce
n'est pas la réalité.
Et
c'est bien dommage car cette présentation induit parfois des gens en
erreur. De là, certains croient que le unschooling
c'est :
- ne rien faire et espérer/rêver que les enfants apprennent;
- unparenting: négligence envers (l'éducation de) l'enfant;
- le chaos (dont semble-t-il l'univers serait issu, soit dit en passant... :-)
De
là, certains continuent de craindre les unschoolers,
de supposés 'extrémistes' qui ne voudraient pas éduquer leurs
enfants ! De là encore, certains croient que le unschooling
ne marche que si
on tombe, par hasard,
sur des enfants exceptionnels,
ou exceptionnellement 'doués' et sérieux qui,
on-ne-sait-pas-pourquoi-eux, ont toujours envie d'apprendre, mangent
sainement et rangent leur jouets, même si on ne les force pas.
Mal
servis en matière d'information - parfois aussi de soutien - certains ne
comprennent pas pourquoi le unschooling
ne 'marche' pas chez eux. Les fausses idées et préjugés comportent
un risque important, celui de l'incompréhension donc du jugement
erroné. Alors, essayons de clarifier un peu les choses :
- Le unschooling n'est pas une méthode, ce n'est pas une approche pédagogique;
- Le unschooling est un choix:
fait par les parents;
face à l'accueil qu'ils font à leurs enfants;
à propos du 'comment' ils choisissent de vivre AVEC leurs enfants;
- Le unschooling est une attitude, comme le dit André Stern, ici, en expliquant le choix de ses parents.
En
matière d'apprentissage/éducation, notre famille a reconnu au fil
du temps trois points de vue qui peuvent influencer les parents à
faire un choix ou un autre. Parfois, et souvent temporairement, on va
osciller de l'un à l'autre.
Trois
points de départ :
-
la société
Comme
nous, avant '99, bien souvent les parents croient que l'école est
obligatoire. C'est faux pour presque tous les pays. Aussi, des
parents craignent que leurs enfants ne soient un fardeau (financier,
d'habitude), pour eux ou pour leur communauté/société plus tard,
s'ils n'ont pas été scolarisés, et diplômés. Ce qui n'est
pourtant pas une garantie. Sans parler de tous les autres aspects que
financier.
-
les parents
Comme
moi, avant que je ne regarde mon enfant comme une vraie personne
différente de moi, avec son rythme propre et ses enthousiasmes bien
personnels, des parents partent de leurs besoins à eux comme point
de vue lorsqu'ils accueillent un enfant. Besoins affectifs,
émotionnels, sociaux, financiers, etc. Le parent qui a toujours
voulu voyager, 'réussir', jouer du violon ou au hockey. Le parent
qui veut bien paraître dans son réseau familial ou social, pour ne
pas en être exclu.
À
l'âge adulte, s'il nous reste des besoins non-comblés, ou s'il
reste des traces d'émotions qui ont été réprimées, on peut agir
et changer cet état de fait. N'ayant pas vécu l'attachment
parenting, dans cette culture qu'est
la nôtre, nos besoins n'ont pas tous été comblés. C'est un fait,
une réalité avec laquelle on compose tous. Heureusement, le cerveau
humain fonctionne bien. Les émotions réprimées dans l'enfance
resurgissent lors de situations semblables, pour être vécues (je
dirais même 'respirées'). Naturellement, lorsqu'on choisit de vivre
AVEC l'enfant au quotidien, des tas de situations semblables vont se
produire. Une impulsion vitale et naturelle nous pousse à vouloir
combler nos besoins. Ce qui peut nous conduire à tenter de le faire
de la façon apprise culturellement : en réprimant les émotions ou
les besoins de nos enfants pour exprimer les nôtres, par exemple.
Pourtant,
satisfaire nos besoins en premier ne satisfait pas ceux de l'enfant. Et le petit humain étant dépendant - c'est sa nature - en prendre
soin est notre engagement de parent. Le contraire, en revanche,
fonctionne ! Commencer par l'enfant, respecter ses dispositions
spontanées, satisfaire ses besoins, a un effet secondaire qui est de
combler les nôtres, celles de notre enfant intérieur du passé. Et
plus on le fait, plus on en voit l'effet rapidement. Essayez pour
voir ! :-)
- l'enfant
Ici,
on part de l'enthousiasme naturel de l'enfant pour ceux et ce qui
l'entoure. Souvent,
cette attitude nous re-vient parce qu'on est conscient d'un mal-être,
et qu'à chercher, on trouve de l'information - et du
soutien - sur le sujet. Ou elle nous
vient tout naturellement en vivant AVEC l'enfant. Par l'observation,
et l'attention - l'attentivité - on voit, on sent, ce que l'enfant,
la relation, nous indique. La communication dont il est
capable, les réactions de son corps ou son comportement, par
exemple, témoignent du tissu relationnel, et de là, de ses
apprentissages.
Satisfaire
les besoins de l'enfant comblent aussi les nôtres. Pour peu qu'on le
fasse de façon assidue, engagée, volontaire, avec tout l'amour
qu'on lui porte, qu'on se porte, qu'on porte à chacune, chacun. Cela
a un effet boule de neige dont témoignent de plus en plus de parents
au fil des ans. Toutes nos relations en sont transformées, pour le
meilleur.
Édith
23
juillet 2014
---
Back
to the future, retour en 2017 !
Parallèles
et pourquoi s'imposer soi-même une étiquette ?
et pourquoi s'imposer soi-même une étiquette ?
Végétarisme,
végétalisme, véganisme
À
un moment, il a été souhaité de se dire végéta*ien sans vivre le
végéta*isme, ou de se dire végane sans connaître le véganisme.
Pourquoi vouloir s'imposer une telle étiquette? Parce qu'on se juge
et se condamne soi-même? De quoi s'accuse-t-on ainsi? D'être
moins-que?
Dans quel but? Si on veut changer de choix, on le fait. Si on ne se
sent pas de le faire ou que ce soit impossible – pour un milliard de raisons possibles –
soit! C'est aussi un choix. Cela signifie-t-il pour autant que les
personnes qui ne vivent pas le végétalisme ou le véganisme soient
méchantes? Non. Seront-elles exclues de la société? Sûrement pas.
Nous vivons tous ensemble, dans le même monde, en même temps. Et
puis, ce choix est tout-à-fait légal. Alors pourquoi souhaiter
s'imposer une étiquette dont on ne veut pas?
Certains
soulèveront ici un dilemme moral. Peut-être, et alors à
chacun/e de regarder le sien.
Allaitement
À
un moment, il a été souhaité de pouvoir dire « allaiter au
biberon ». Allaiter signifiant un enfant qui boit au sein, la
suggestion n'a pas été retenue. Cela signifie-t-il pour autant que
les mamans qui n'allaitent pas (ou pas exclusivement) soient de mauvaises mères? Non. Seront-elles exclues de la société? Sûrement
pas, leur choix, ici aussi, est légal. Encore une fois, on peut se questionner : pourquoi s'imposer une étiquette dont on ne veut pas?
Resterait-il
ici aussi un certain dilemme moral ? Si c'était le cas, ce serait, là
aussi, à chacun/e d'y regarder, n'est-ce pas ?
Accouchement
naturel et conclusion
Il
semble que de ne pas avoir baigné dans la confiance et le respect de
nos dispositions spontanées tout au long de la vie puisse nous
conduire à tenter de bypasser
un
cheminement pourtant essentiel de retour à soi. En tentant de
réprimer nos questionnements personnels, ou d'apaiser
quelqu'angoisses de notre enfant intérieur, on pourrait avoir envie
d'utiliser à tort des mots qui ne sont pas notre vécu, notre
expérience. À quoi bon?
Peut-on
dire d'un accouchement qu'il est naturel lorsqu'on nous fait une
péridurale, ou si on a dû vivre une césarienne d'urgence? Non. Ce
ne sont pas les 'attributs' d'un accouchement naturel. Cela fait-il
de nous - ou de nos enfants - de mauvaises personnes? Pas plus.
Témoignage
Nos enfants n'ont pas vécu une naissance respectée. Ce n'était pas
mon choix. Cela ne change rien aux faits. Je ne peux pas dire que
j'ai vécu un accouchement naturel. Ça ne change rien à la valeur
de la personne que je suis. En revanche, tout ce que j'ai appris,
compris, vécu, fait peut-être de moi une personne un peu
différente, ou plutôt n'est-ce pas que je re-deviens la personne
que j'étais ? Si je pouvais retourner dans le temps et changer les
faits, peut-être le ferais-je? Mais on ne peut vivre autre chose que
le moment présent. J'y vois une certaine justice entre les tous les
vivants : impossible de vivre il y a 5 secondes, ni dans 5 secondes.
Ma
vie est ma vie. Mon cheminement est le mien. Je ne m'étiquette pas.
Cela dit, tenir simplement à une utilisation juste des mots pour
définir un objet, une pratique, une expérience, ne relève d'aucun
étiquette, d'aucune barrière. Et il y a une volonté, un engagement, personnel et social, à y tenir. Sans quoi - on le voit beaucoup autour des
politiques, de nos jours - on finit par essayer de nous passer toute
autre chose pour étancher notre soif de confiance et de respect. Et
de justice.
En terminant, je vous dis à toutes et tous : « tel que tu es, tu es parfait/e. »
(ajout 3 avril 2017 : dites-le à vos enfants, sincèrement. Vous verrez !)
Chaleureusement,
(ajout 3 avril 2017 : dites-le à vos enfants, sincèrement. Vous verrez !)
Chaleureusement,
Édith