Pauline, Antonin et André Stern à la Première de Alphabet, Vienne, 9 octobre 2013 |
Des
parents se demandent souvent comment faire, comment répondre aux
besoins de l'enfant, ou si ceci ou cela est vraiment 'unschooling'.
On
entend ou on lit parfois que le unschooling est une
philosophie, ou un mode de vie.
J'ai
posé la question à André Stern, en juillet 2012.
Sa
réponse rejoint ce que j'ai ressenti comme parent.
La
voici:
«
Il n'y a pas de philosophie, pas de méthode. Un mode de vie, c'est
déjà plus près, mais c'est une attitude surtout.
Mes
parents étaient émus, ils nous ont vu grandir, marcher, parler sans
intervention éducative, sans incitation, chacun à son rythme. Ils
sont émus, ils le sont encore, ils vivent une seconde vague avec
Antonin; ils rencontrent l'enfance d'Antonin avec un confiance
décuplée.
Leur attitude principale c'est l'observation. En
position d'observation, on se met à l'abri des erreurs qu'on peut
commettre. On n'a plus le temps de réfléchir. Porté par la
curiosité, j'observe quel sera le prochain pas naturel dans la
disposition spontanée de l'enfant, plutôt que de chercher de quelle
manière je pourrais induire le pas suivant.
Anecdote:
Antonin s'est mis à dire : « 2, 4, 6 ». Pourquoi ?
On ne sait pas.
Il
entendait un chiffre, et répondait: « 2, 4, 6 ».
Nous
sommes habités par la curiosité de voir venir l'étape suivante.
Dans le monde des autres, qui n'est pas toujours comme le nôtre bien
que nous en fassions partie, un adulte un peu choqué de le voir
rayonnant répéter 2, 4, 6, nous a dit: «Vous ne pouvez pas le
laisser dans une telle erreur, il prononce mal, il compte mal, c'est
votre responsabilité de lui montrer». Il a dit à Antonin: « Il
faut dire 1, 2, 3, 4, 5, 6,...».
Je
m'appuie sur la neurobiologie moderne; l'enfant se tourne vers ses
personnes de référence primaire: ses parents. L'enfant attend d'eux
un acquiescement, un feu vert. Ça s'inscrit dans l'enfant. On a une
responsabilité immense, il s'agit pour nous de donner à sa
disposition spontanée l'acquiescement qu'il attend; nous validons et
alors, toutes les autres influences n'ont aucune prise sur lui.
Antonin
l'a regardé, a répondu: «2, 4, 6 ».
Plus
tard, il s'est mis à dire: « 1, 3, 4, 6 ».
L'enfant
a une telle envie, un tel besoin d'acquiescement, de référence, il
est prêt à abandonner sa disposition spontanée au nom de ce qui
reçoit un bon accueil de la part de ses personnes de référence.
L'on peut laisser l'enfant dans sa disposition, ou lui imposer la
nôtre : quelle responsabilité immense!
On
savait qu'un autre pas viendrait après 1, 3, 4, 6, si on
n'intervenait pas. Nous voulons être sûrs que son évolution soit
son évolution personnelle et non le fruit de notre intervention.
Voilà ce qui meut depuis toujours mes parents. »
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